HISTORIQUE DE L’ISLAM  AU BURKINA

            Le BURKINA FASO (ancienne Haute Volta) n’ayant pas  abrité des grands  empires musulmans ni des grandes confréries  musulmanes  n’était pas  considéré comme une terre d’ islam. Les recherches menées par  les historiens ont permis de remettre en cause cette image qui  faisait surtout  du pays moaga un bloc hermétiquement fermé à l islam. La plus grande partie des populations  du  Burkina  sont entrées en contact avec l islam le  XVe  XVIe  siècle .

Nous pouvons ainsi retenir  trois phases dans l implantation de  l islam :

- Au XVe et au XVIe siècle  début de l’implantation avec l’arrivée  des familles  maraboutiques au  Liptako

- Fin  XVIIe siècle  l’ islam est de plus en plus présent  au Burkina

- La fin du XIXe siècle est une période de forte implantation ou période  d’islamisation massive car ce siècle a connu une effervescence  religieuse en  Afrique  de l’ouest  avec Cheick Amadou du Macina, Ousmane Dan  Fodio et El Hadj  Omar Tall.

         Dans le processus  d’ islamisation, l’ on distingue  trois  grandes régions :

-  le Nord  ou Liptako  avec les peuls

-  le centre ou pays  moaga

-  et l’ Ouest .

            Le Nord fut la première  région  touchée par l’ islam . Les familles maraboutiques  telles que les Torobés s’ y sont implantées depuis les XIVe et XVe siècles . L’ adhésion  de l’ aristocratie à la nouvelle religieuse a été  tardive  ainsi que celle de quelques familles d’éleveurs .

A la fin du XIXe siècle le nord était fortement islamisé.

Le centre ou pays moaga a opposé une longue résistance à’islam.

Mais les musulmans y étaient présents très tôt. Les voies de pénétration furent les voies commerciales en provenance du Mandé et du Ghana. Au  XVIe siècle  sous Naba Nasbiré  les yarsés sont présents et les souverains qui les ont accueillis furent Naba nasbiré, Kudumbié et Doulougou . La famille royale se convertit à la fin du XVIIIe siècle . Le Naba Doulougou fut le premier Naba convertit a l islam  .

 L’ islam  pénètre ainsi la cours mais les sujets ne sont pas convertis. Des dispositions sont prises pour empêcher la conversions en masses des sujets. L’ intégration des yarsés musulmans fut facilitée par le fait qu’ ils convectionnaient des amulettes qui étaient accrochées à la chéchia du chef . Ils étaient consultés pour la nomination  des chefs .En retour les yarsés étaient dispensés des impôts et des  guerres mais ils recevaient les butins des guerres. Les yarsés musulmans ont pu  briser la méfiance des chefs Mossis  vis a vis  de l’

Islam.

   Le cas du yatenga est semblable à celui de Ouagadougou . Les yarsés et les peuls  musulmans sont présent sous naba yadega. Les  maransés eux aussi  étaient musulmans . Les  musulmans étrangers  étaient tolérés mais il existait  une barrière pour la conversion des populations dans la mesure ou cela pouvait avoir des  conséquences sur le plan social .

                     L’ islam pénètre dans l’ ouest du Burkina  d’ abord par les axes commerciaux car cette région était  une zone  de transition entre le Sahel au nord et les pays forestiers du sud . Les pistes qui partaient de ces centres commerciaux véhiculaient  les marchandises et l’ Islam  pendant la période  pré coloniale.

Selon  les populations  les premiers musulmans sont venus du nord mais  l’ introduction  de l’ islam à partir  du sud  c’ est à dire du Ghana et de la Cote d’ Ivoire  n’ est pas à  exclure .

          En effet il existait un axe commercial  reliant  Kumassi (Ghana actuel ) à Djenné en passant par Boromo .

 Les villes de Boromo et Safané ont été  des étapes ou des centres  secondaires de collecte de l’ or . A partir de Bobo-Dioulasso des routes  passants par Kong  arrivaient aux  pays Agni et Safaga d’ ou  provenait la  kola . Les commerçants musulmans ont introduit l’ islam  chez les populations  d’ agriculteurs « animistes » : Gurunsi, Samos , Bissa , Bobofing , marka , etc. Les commerçants  musulmans d’ après les sources orales  arrivèrent a partir  du XVIe siècle . Il  s’ agit  de SERE  l’ancêtre  fondateur de Safane, les Markas venus du Mandé et du  Mali et les yarsés venus du Yatenga.

  L islam pénètre à Safané entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et il fut  l’ œuvre de Almami CISSE un grand marabout  venu du Mandé .

     Les Bobo-Dioula ou Zara  venus du Mandé  introduisirent  l’ islam à Bobo-Dioulasso  probablement  entre le XVIe  et  le XVIIe  siècle. Les Zaras retombent dans « l’ animisme » en  redevenant  agriculteurs et au  contact des Bobofing  autochtones .

      Entre le XVIe et le XVIIIe siècle des  groupes  de commerçants  musulmans introduisent l’ islam  dans l’ ouest  du Burkina .

Ces groupes sont pour la plupart venus des rives du fleuve Niger une zone à ancienne tradition islamique. D’ autres comme  Dagari-Dioula ou Wala  sont venus  du Sud (Ghana actuel). Les commerçants ont introduit l’islam dans l’ouest mais l’enracinement de la religion fait l’œuvre des lettrés musulmans «des hommes de religion » et des marabouts qui ont bénéficiés de conditions favorables grâce au soutient de certains princes. Apres sa pénétration, l’islam a connu une évolution dans cette partie du pays.

              A Safané, la conversion des habitants à l’islam a été favorisé par le rôle magique joué par Alami CISSE qui a écarte une épidémie qui faisait des ravages au sein de la population. Les sorciers guérisseurs traditionnels furent impuissants et la victoire du marabout lui  valu aussi l’autorisation de la construction de la mosquée. Il y eut une alliance entre les CISSE (famille du marabout ) et les SERE (détenteur du pouvoir politique ).

Mais à la mort de Alami CISSE, l’Islam périclite à SAFANE.

Au XIV siècle, l’islam recule à BOBO DIOULASSO, il disparaît pratiquement dans la ville

 au XVIIe siècle. Les Bobo-Dioula ayant abandonné le commerce, deviennent « animiste » .

L’Islam recule donc  en attendant le XVIIIe siècle ou le contexte devient plus  favorable .

          Au XVIII siècle avec l’installation des grands marabouts dioula venu du mandé, Safané devint un grand centre islamique. Des écoles coraniques sont ouvertes ou sont formés des enfants de Safané , des environs et même ceux du pays moaga. La ville devient un foyer islamique de grande réputation et assure la propagation de l’islam en pays marka.

L’alliance entre les bobo-dioulas sany  et les Sonangui Ouattara à la fin du XVIIe aboutit à la création du royaume Guiriko et de l’émergence d’un état capable d’assurer la sécurité des routes commerciales.

Les familles Dioula telles les Barro, Toure, Coulibaly, Kamara  et Diabaghate s’installent à Bobo-dioulasso avec leur karamogo (les lettrés musulmans ). Ces marabouts qui avaient du prestige aux yeux des populations animistes furent installés dans les gros villages comme Lankhaso, Sideradougou, Sindou, Dieriso, Darsalami, Dramanedougou, Kotedougou, Loropeni. Ils jouaient le rôle de conciliateurs entre les clans les familles, les populations et les chefs.

Au XVIIIe siècle, l’islam avait pris de l’ampleur dans l’ouest du BURKINA notamment a Safané et à Bobo-Dioulasso. Cependant  au XIXe siècle il y eut quelques conflits et tensions entre musulmans et animistes dans ces deux régions .

A Safané en 1863 un conflit sanglant éclata entre musulmans et non musulmans. Les musulmans non nombreux et n’ayant le rapport de force prirent la fuite et se réfugièrent à Bobo-Dioulasso et à Lanfiera.

Vers les années 1870, la tension semble assez forte entre les musulmans et les non musulmans dans la ville de bobo dioulasso. Des dioulas quittent alors la ville et fondèrent la village de Darsalamy.

L’avancée de l’islam à Bobo-Dioulasso a été favorisée par l’implantation des Saghanogho lettrés musulmans de grande réputation. Ils ont ouvert des écoles et faisaient du prosélytisme .

L’expansion de l’islam à la fin du XIXe siècle a été l’œuvre de Sakidi Sany qui commença ses études dans les écoles des Saghanogo avant de se perfectionner dans l’art religieux à Dia  au Mali.

En 1893 Bobo-Dioulasso était menace par Teiba traore roi du kenedougou. Sakidi Sany aurait fait empoisonner par une fée (Jinna musso)  grâce à son pouvoir magique .

Le djinn se métamorphosa et prit la forme de la femme préférée de Tieba, celui ci sans méfiance absorba le plat empoisonné et mourut. Cet exploit magique de  Sakidi Sany entraîna beaucoup de conversion à l’islam. La conversion de la chefferie accéléra celle des autres car il n’y avait plus de menaces venant des dirigeants bobo-dioula .

L’expansion ou l’introduction  de l’islam dans l’ouest du Burkina s’est surtout faite de manière pacifique. Mais il y a eu deux tentatives de djihad avec mahamoudou Karantao et Amadou Dene ou Al kari.

Mahamoudou Karantao fonda vers 1840 un royaume musulman autour de Wahabou (wa haba illah = Dieu me l’a donné ).

Il laissa sa guerre à partir de daumakoro ou il avait fondé une école. Ses alliés étaient commerçants mosse du Gourcy dirigés par Yaya Guira et les Dagari-Dioula de TO dirigé par Mahama. Commencée en 1840, la guerre se termine sans grand succes, Pas de conversion des populations KO et Bwaba combattues.

Le jihad d’Alkari de BOUSSE se déroula  au nord du pays Dafing. Amadou DEME était opposé à son maître Mamadi SANOGO ou karamogoBa de Canfiera qui était contre son jihad.

C’est en 1887 qu’il entreprit sa guerre pour la conversion des Samos « animistes ». Soutenu par quelques Samo, Alkari soumis quelques villages  qui lui payaientt un tribut  et acceptait la mise en place d’une communauté musulmane. les Samo opposèrent une vive résistance à l’œuvre d’Alkari. Le jihad fut stoppé par le capitaine français BONNACORCI, le premier juillet 1894 date à laquelle mourut AlKari.

L’islamisation du Burkina s’est faite surtout de manière pacifique. Le rôle des commerçants et lettrés musulmans a été plus prépondérants. Les deux cas de jihad n’ont pas apporté une conversion des populations .L’islam s’est diffusé dans le pays par le comportement exemplaire des musulmans, par la pratique de bonnes œuvres, l’exhortation et par le prosélytisme .